juillet 12, 2025

Arthrose et emploi : un frein invisible à l’activité professionnelle ?

Par Lili

L’arthrose touche aujourd’hui plusieurs millions d’actifs, mais son impact sur l’activité professionnelle reste largement minimisé. Bien qu’elle provoque des douleurs articulaires, de la raideur matinale ou encore une fatigue articulaire, cette maladie chronique est rarement intégrée aux dispositifs d’inclusion au travail. Pourtant, ses répercussions sur la santé au travail, la stabilité de l’emploi et les parcours professionnels sont bien réelles. Entre absence de reconnaissance officielle et manque d’adaptations, l’arthrose agit comme un handicap invisible dans le monde du travail.

Une pathologie ignorée dans les politiques de santé au travail

Malgré la montée en puissance des initiatives en faveur de la santé au travail, l’arthrose reste encore peu identifiée dans les programmes de prévention. Contrairement à d’autres troubles musculo-squelettiques, elle ne bénéficie pas d’une reconnaissance systématique comme maladie professionnelle. Seules quelques situations précises, comme l’arthrose du genou chez les carreleurs, entrent dans le cadre légal. Ce vide réglementaire contribue à une sous-déclaration des cas en entreprise, ce qui freine la mise en place d’aménagements adaptés pour maintenir les salariés dans l’emploi. Pour en savoir plus, il faut s’intéresser aux écarts entre la réalité vécue sur le terrain et les dispositifs officiels d’accompagnement.

Ce manque de reconnaissance se traduit aussi par des stratégies d’autoprotection chez les personnes concernées. Pour éviter les arrêts répétés ou le regard soupçonneux des collègues, certaines préfèrent taire leurs douleurs articulaires. Cette dissimulation conduit à un travail en continu malgré la gêne, avec une baisse progressive des capacités physiques. La fatigue articulaire devient alors un frein silencieux, non repéré par les outils classiques de gestion des ressources humaines. Le risque d’épuisement ou d’inaptitude médicale s’accroît, souvent sans alerte préalable.

Des trajectoires professionnelles perturbées mais peu visibles

Au fil des années, les effets de l’arthrose sur les carrières s’accumulent. Les personnes touchées connaissent davantage de parcours hachés : interruptions fréquentes, réorientations non choisies, refus de promotions lorsque les responsabilités impliquent davantage de sollicitations physiques. L’activité professionnelle devient un terrain d’adaptation constante, souvent sans accompagnement. Dans certaines fonctions manuelles ou debout, la présence d’une inflammation articulaire ou d’une arthrose cervicale rend la tâche quotidienne éprouvante, sans être considérée comme un véritable handicap au travail.

Chez les 45-60 ans, l’arthrose est de plus en plus présente dans les entretiens de suivi médical, bien que rarement mentionnée de manière frontale par les salariés eux-mêmes. Selon un rapport récent de l’Anact, la douleur chronique modifie la perception du temps, les réactions au stress et les dynamiques relationnelles. Ces éléments dégradent la performance sans jamais apparaître dans les tableaux de bord classiques. Pour autant, les données d’inaptitude au travail révèlent une surreprésentation de l’arthrose, en particulier après 55 ans. Cela souligne un manque de soutien professionnel pour les travailleurs en situation de handicap, même quand ce handicap n’est pas immédiatement visible.